×
Motivation

Comment je changerais le monde si je n’avais peur de rien? Par Gregory Charles

Dans le cadre du magazine Être d’avenir de l’École d’Entrepreneurship de Beauce, ce texte en est un extrait.

Ma fille de huit ans me répète assez souvent qu’elle ne veut pas que les choses changent. Elle aimait son professeur de l’an dernier et ne veut pas risquer de ne pas aimer le prochain. Elle aime son papa et ne veut pas le perdre comme elle a perdu son grand-papa. Elle peut encore s’asseoir sur mes épaules et craint que si elle continue de grandir, ce moyen de transport bien spécial ne puisse plus la servir.

C’est le changement qui fait peur. L’incertitude du résultat.

Pour que le monde soit plus juste, il faudrait être tous plus à l’écoute. Il faudrait accepter que des injustices séculaires soient enrayées, ce qui entraînerait sans doute une perte de privilège. C’est ce qui fait peur à ceux qui sont en position de pouvoir, de prestige, de domination. C’est aussi ce qui a conduit à chaque révolution depuis que l’homme est sorti des cavernes.

Pour que le monde pose le même regard sur les hommes que sur les femmes, il faudrait s’écouter. Puis il faudrait changer la structure des revenus, sachant que les métiers traditionnellement féminins sont moins rémunérés. Il faudrait donner plus de valeur au fait de porter un enfant.

Et si on donnait plus de valeur aux enfants, il faudrait revoir la valeur que l’on accorde aux enseignants, aux préposés et aux techniciens qui travaillent dans les CPE et les garderies. Encore une fois, l’ordre des choses serait chamboulé.

Pour que le monde soit plus juste et plus en santé, il faudrait revoir nos habitudes, prendre soin de notre environnement, revoir nos pratiques agricoles et nos habitudes de consommation de l’eau, du papier et du plastique. Et cela entraînerait encore un chamboulement de l’ordre économique, des normes du travail, des habitudes familiales.

Pour que les habitants de cette planète vivent plus heureux, plus en santé et plus longtemps, il faudrait partager ce que nous avons avec ceux à qui nous avons historiquement tout pris. Et cela aussi changerait nos vies de privilège.

Je me dis parfois que ce n’est pas la peur qui me retient, c’est le fait que je ne sais pas par quel bout commencer. Et je ne suis pas le seul.

Mais après tout, c’est peut-être ça qui me fait peur : commencer. Commencer par quelque chose. Commencer par moi, comme le proclame la chanson de Michael Jackson Man in the mirror.

Alors voilà. J’ai commencé.

  • Une voiture électrique.
  • Des employés d’origines, de formations et d’âges divers.
  • Plus de travail bénévole avec les organismes de première ligne, l’école, l’hôpital.
  • Plus de temps à enseigner à des jeunes.
  • Plus de temps à parler d’injustices et d’absence de solidarité et de sensibilité.
  • Une meilleure alimentation.
  • Un meilleur emploi du temps.
  • Moins de consommation de tout.
  • Plus de temps aux fourneaux.

Ça fait du bien. Ma peur, à présent, c’est que ce ne soit pas suffisant, ni pour moi ni pour la planète. C’est là que la peur doit être remplacée par la confiance en soi et la confiance aux autres.

Écrit par Gregory Charles, artiste, entrepreneur et entrepreneur-entraîneur.