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Réflexions

L’entrepreneuriat est un sport d’équipe

À l’occasion de la préparation d’une récente conférence à Expo Entrepreneurs 2020, je suis tombé sur un livre dont le titre traduit parfaitement la pensée perverse que je souhaitais dénoncer.

Ce titre est « Self Made en Amérique »[1].

Voyez-vous la bêtise ?

J’aurais adoré le titre « Self Made sur Jupiter », un ouvrage qui aurait relaté comment l’auteur, miraculeusement situé seul, nu et affamé sur une planète éloignée, aurait réussi à y installer une société juste et prospère par la seule force de son intelligence et persévérance.

Mais « Self Made en Amérique » ne nourrit-il pas un petit démon nommé « me, myself and I » qui se fait un malin plaisir d’éloigner les entrepreneurs de ce dont ils sont si profondément tributaires ?

Je ne sais même pas où débuter.

Quelqu’un peut-il prétendre avoir inventé les systèmes légaux et monétaires sans lesquels le commerce serait impossible ? Qu’en est-il des systèmes scolaires qui éduquent nos collègues et concitoyens ? Des réseaux de transports qui acheminent les gens et les biens ? Et que penser des organismes publics et communautaires qui encadrent nos vies et soutiennent une relative paix sociale ?

Autodidacte, automotivé, autocorrigé ? Assurément. Mais pas self made.

Vos défis sont déjà trop nombreux pour que j’ose faire la morale, remarquons seulement que le succès (ou l’échec) n’est pas une permission de flotter au-dessus de la mêlée et qu’entreprendre, c’est un sport d’équipe dans son sens le plus large.

[1] Il avait aussi ce livre intitulé « Built not born » qui était ressorti, prouvant que le succès peut même faire oublier la fragilité de nos 9 premiers mois… je n’aurais pas voulu être son père, celui-là.