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Réflexions

Sainte tuyauterie

Avertissement, ce texte n’est pas poétique, très peu aromatisé et Martin Deschênes (de Deschênes…) est sans doute le seul dont l’approbation est quasi-assurée.


Tout comme la plomberie de votre résidence qui vise le déplacement des liquides, celle de nos organisations a comme seul objectif la circulation de l’information telle que les résultats financiers, mesures d’efficacité, marge de profit, coûts d’administration, statistiques en santé-sécurité et les milliers de données que nous utilisons…

Pour plusieurs, cette tuyauterie sert dans le déploiement de nos stratégies à court et à long-terme et de la capture des mesures de performance. En effet, qui pourrait prétendre à une entreprise performante si les objectifs de la direction ne pouvaient circuler librement vers les équipes qui auront la responsabilité de les exécuter et si leurs éventuels résultats n’étaient pas rapidement connus.

Lors d’un récent atelier chez Groupe Canam visant à améliorer la circulation de l’information de la haute direction jusqu’au plancher, il est devenu rapidement apparent que nous étions relativement efficace à circuler de l’information de “haut en bas” mais que notre tuyauterie était dotée de plusieurs “clapets antiretour” (comme votre maison d’ailleurs) qui empêchent que l’information remonte rapidement vers la direction — sans surprise cette particularité affectait surtout les mauvaises nouvelles.

Ce constat m’a amené à tracer une grande ligne juste au-dessus des superviseurs de premier niveau sur un schéma représentant le flot d’information dans l’entreprise. Cette ligne, qui était évidemment brune, a été baptisée: “le mur de la merde”.

Pourquoi tu fais-ça ?, m’ont-ils tous dit.

C’est simple, leur dis-je, l’information c’est comme de la merde et notre organisation est très bonne à la faire descendre dans les tuyaux mais nous sommes incapables, comme dans nos maisons, de la faire remonter.

Le défi, exprimé de manière plus sanitaire, est que pour détecter, répondre et résoudre nos problèmes, il faut au préalable que quelqu’un ait l’occasion et le courage d’en parler sans peur de rétribution et que les dirigeants aient la capacité de recevoir l’information décevante et parfois irritante de manière constructive.

Je sais que Sainte Tuyauterie n’est pas un titre très invitant, mais la santé de notre entreprise, le bonheur des collègues et la satisfaction de nos clients continue de dépendre fortement de la vitesse avec laquelle l’information circule, surtout celle qui pue.